Donner de la graine de lin à des cochons.. n’est-ce pas un peu exagéré ?
Vous avez sans doute déjà vu, en traversant la Picardie, de grands champs de couleur bleue… Il s’agit de lin ! La culture du lin oléagineux, devenue quasiment absente du sol picard en 1990, assure aujourd’hui près d’un tiers de la production française.
Son origine spontanée reste inconnue, mais c’est une plante très ancienne : le lin, déjà filé à l’âge de pierre, est présent dans toutes les civilisations anciennes, en Chaldée, en Égypte, en Palestine, en Grèce.
Hippocrate se servait de cette plante contre la sciatique, la goutte et pour apaiser les douleurs. Madame de Sévigné, que l’on sait toujours attentive à sa santé, déclarait qu’avec ce remède, elle n’aurait « jamais de néphrétique ».
Le lin est un excellent remède contre la toux. Il est aussi diurétique et émollient et spécialement recommandé dans les inflammations des voies urinaires ou dans les inflammations ulcéreuses de l’appareil digestif.
Ses graines sont surtout employées en tant que laxatives ou réduites en farine, pour faire des cataplasmes émollients et maturatifs.
Aujourd’hui, le lin oléagineux est surtout cultivé pour la production d’huile riche en oméga3, utilisée pour l’alimentation humaine et animale.
A la Ferme des Trois Chataigniers, on a fait le choix d’élever les porcs sur paille comme autrefois : dans ces conditions, les animaux bénéficient d’un confort qui leur permet d’exprimer leurs comportements naturels. Élevés sans antibiotiques, ils sont nourris avec les céréales de la ferme et de la graine de lin. Riche en oméga 3, le lin donne à la viande une saveur et un moelleux incomparable.
Les acides gras omega 3 appartiennent à la famille des acides gras (lipides) polyinsaturés. On les dit “essentiels” car utiles au bon fonctionnement des cellules. Les recommandations nutritionnelles vont dans le sens d’une augmentation des apports en omega 3 et d’une diminution des omega 6. Les aliments les plus riches en omega 3 proviennent des poissons gras (comme le saumon, le thon, le maquereau, le hareng, la sardine et l’anchois), même si les poissons d’élevage en contiennent beaucoup moins que les poissons sauvages. Certaines huiles sont également riches en omega 3 (lin, colza, noix…).
La viande de porc a souvent la réputation d’être grasse. Pourtant, comme le souligne Jacques Mourot, directeur de recherche Inra à Rennes, “la viande de porc que nous consommons aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’il y a 50 ans”. La masse adipeuse (la graisse) a diminué de plus de moitié, représentant aujourd’hui moins de 20% du poids de l’animal. La teneur en lipides des tissus a également diminué. Son équipe a comparé deux groupes de porcs (40 au total), l’un nourri avec un régime à base d’huile de tournesol, le second avec un régime à base de graines de lin (5% de l’alimentation pendant deux mois).
Les résultats ont montré que le régime lin augmentait la teneur en omega 3 à la fois dans le tissu adipeux du dos de l’animal et le muscle “Longissimus dorsi”, composant principal du rôti de porc. Le rapport omega 6/omega 3 est le plus faible chez le groupe lin.
Des études chez des volontaires en surpoids, à Lorient, ont comparé l’intérêt nutritionnel de la viande de porc standard avec celle de la filière lin. “Tous ont maigri”, a relevé le chercheur, parce que encadrés par des diététiciens, mais ceux qui ont consommé de la viande de la filière lin “ont maigri davantage et n’ont pas repris de poids”. “Ce n’est pas la viande de porc qui va régler tous les problèmes” d’alimentation, a reconnu Jacques Mourot, mais c’est une piste de recherche.